Histoire de Geotribu : vie, mort et renaissance#
Date de publication initiale : 31 août 2020
Introduction#
En juillet dernier, j'ai été invité par IDGEO à faire un retour d'expérience sur l'aventure Geotribu auprès des participant/es au CQP GEOM dans le cadre du bloc dédié à la veille et à l'implication dans l'écosystème.
Autant partager ici notre petite histoire ou du moins ma façon de la raconter : naissance, jeunesse, vie, mort... et renaissance en 2020. Premier opus d'une série d'articles qui nous mènera à la publication de sites statiques en passant par du web-scraping.
Souvenirs, souvenirs et avenir !
Geotribu, c'est quoi ?#
D'un point de vue strictement formel, Geotribu c'est un nom de domaine. Et trois suffixes (.fr, .net et .org, le .com étant squatté depuis longtemps en attendant qu'on devienne riche).
Il n'y a pas de structure : ni entrepreneuriale, ni associative, ni contrat de sang dans un tipi. D'ailleurs, la convention encadrant le prêt du serveur utilisé pour héberger les images par GeoRezo est à mon nom et le domaine appartient à Fabien.
C'est donc un regroupement spontané de personnes autour de leur intérêt pour un dénominateur commun professionnel : la dimension géographique des métiers de chacun/e. Vient ensuite la ligne "éditoriale" imprimée dès les débuts que je présente comme les deux faces d'une même pièce :
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pile, la technique : l'informatique nous désignant ainsi comme "geo-geeks", convaincus que la maîtrise d'outils sert le travail thématique, sans perdre de vue que les outils sont le moyen, non la fin.
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face, le libre : une philosophie en cohérence naturelle avec la démarche de partage inhérente au site (avez-vous noté le copyleft qui orne le pied de page ?). Au-delà de nos propres convictions que le libre, l'open et les communs sont des leviers vertueux, il ne s'agit pas de dire que nous n'utilisons jamais de logiciels propriétaires ou que nous les dénigrons ; mais nous considérons que les éditeurs de briques propriétaires ont généralement les moyens d'assurer leur propre publicité.
Bref, on vit le site à pile ou face ! L'occasion d'un petit intermède musical dans un article fleuve :
Du site d'étudiants au site collaboratif de veille#
Avant de s'appeler Geotribu, Arnaud et Fabien publient d'abord Catalogue SIG (dont on n'a pas retrouvé trace). Avec le soutien de leur professeur Laurent Jégou, ils aboutissent à une première version de Geotribu en 2008. D'abord presqu'entièrement consacré à des tutoriels guidés par leurs découvertes, le site s'étoffe progressivement avec des dossiers complets et bientôt des billets de blog collaboratifs.
L'équipe de contributeur/ices fluctue évidemment, mais va globalement en s'étoffant, surtout avec l'avènement des revues de presse hebdomadaires et la publication de nouveaux contenus (GeoGames, interviews...) : de 5 membres en 2012, on passe à 8 en 2013, puis près de 12 en 2017 (mais dont la plupart sont peu actifs). Dans le même temps, si le socle technique reste basé sur Drupal (6 puis 7), la charte graphique et la structure des contenus évolue de manière significative. Quand le serveur commence à tousser, les statistiques de consultation tournent autour des 400 visites uniques par jour.
Le serveur et la base de données rendront définitivement l'âme au printemps 2017 , nous laissant découvrir que le système de sauvegarde avait cessé de fonctionner depuis déjà plusieurs mois .
La difficile renaissance#
Plein d'envie, peu de temps#
Le crash du serveur et surtout la perte sèche de contenu, finit d'achever la dynamique de contribution, déjà en berne depuis quelques mois. Quand on se recroise entre membres dans des salons professionnels ou sur des voies numériques, on s'imagine remettre le tout d'aplomb.
Mais chacun/e d'entre nous est alors très pris par son boulot et toutes ces envies restent des velléités.
Le retour des contenus#
Finalement, deux événements viennent changer la donne en ce début 2020. Le sujet revient plus régulièrement dans les conversations : on en discute avec Jérémie et Pierre-André à mon pot de départ d'Isogeo, Arnaud lance des paris sur Twitter...
Ma période de disponibilité qui s'ouvre alors, conjuguée au confinement, me donnent le temps de me pencher sur la question. Mais c'est d'abord l'apéro l'envie de redonner vie à des contenus (dont certains que j'estime être de très bonne qualité) et d'écrire de nouveau sur ces sujets qui sont les moteurs de la motivation.
Une suite incertaine#
Mais si récupérer des contenus n'est qu'une question technique (on le verra dans le prochain article), relancer une dynamique autour d'un processus de contribution collaborative est avant tout une question humaine. L'équipe est beaucoup plus mince qu'avant et rien ne dit que nous tiendrons longtemps un rythme de publication.
Qu'importe, on a retrouvé le plaisir et pourvu que ça dure !
L'histoire du site à travers ses pages d'accueil#
Pour l'occasion, j'ai regroupé quelques captures d'écran des pages d'accueil :
2006 | 2008 | 2010-2012 | 2013-2017 | 2017 | 2017-2020 | 2020 |
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Le mot de la fin#
Sauvegarder . L'occasion de faire découvrir l'initiative World Backup Day !
Conclusion#
En racontant notre petite histoire aux auditeur/ices du CQP, je me suis aperçu que ça n'était pas évident d'expliquer le pourquoi du comment d'une contribution désintéressée. J'ai finalement compris que cela parlait plutôt de l'histoire du bénévolat et des projets qui reposent dessus (numériques ou pas).
Car à sa façon, Geotribu est un exemple de ces initiatives qui parfois gagnent suffisamment en envergure pour animer leur écosystème (ou du moins une partie), voire le structurer dans le cadre de projets plus gros tels GeoRezo mais qui restent fragiles. En effet, si le bénévolat garantit une certaine indépendance, il peut aussi être synonyme de faible résilience. A l'instar de nombreux projets, surtout libres et gratuits, Geotribu repose sur quelques individus seulement. Dès lors qu'ils n'ont plus le temps, le goût ou la motivation, l'initiative s'arrête. Aucune fatalité ou amertume à avoir, après tout l'éphémère ça crée des souvenirs !
Suite : le web-scraping à la rescousse
Auteur·ice#
Julien MOURA#
Géographe "sigiste" de formation, j'ai travaillé sur différentes thématiques et types de structures : gestion des déchets en milieu urbain à Madagascar, foncier d'intérêt général auprès de l'EPF de La Réunion, organisation et la résilience urbaine face aux risques naturels à Lima pour l'IRD, gouvernance et ouverture des données à Isogeo.
Je travaille désormais à Oslandia.
Féru des dynamiques de contributions, je participe activement à Geotribu depuis fin 2011.
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